Le chef Quantrill, rapatrié de la nuit dernière, bien contre sa volonté et malgré toute sa bravutidesque prudence, a encore la tête bandée, en se baladant dans le fort Nitorique. Il est soutenu par le sergent Touco Tarantula, lui-même également SPADS évacué de la veille. On dit dans son dos qu'il gardera de sa dernière blessure un éclat d'obus sous l'arcade sourcillière toute sa vie.
Les deux regardent passer le bleu, dans son bel uniforme gris tout neuf, bien que sans bottes encore, sous les drapeaux rouges, déclamant à qui veut l'entendre qu'il est de la SPADS.
"T'as raison mon gars..."
Le 1er sergent-chef crache par terre sur le plancher de la coursive ou il se tient.
"Ben le front, c'est par là, vas-y, nous n'attendons que toi..."
Et Quantrill de désigner une zone invisible, derrière les collines vers le sud-ouest, ou un magnifique duel d'artillerie est manifestement en train de s'engager.
"Voilà mon gars... la SPADS est là-bas... Ou, plutot, ce qu'il en reste... Ils donnent l'assaut sur les canons de la 1ère brigade nordiste... une belle merde..."
Les deux hommes s'éloignent... Quantrill jète au pied tendre :
"Nous repartons dans la soirée. Soit des notres. Nous marcherons vers le nord pour rejoindre la Gare Garise, la plus proche d'ici. Achète-toi des bottes, ca te servira. Mais rembourse la compagnie, le trésorier aime pas qu'on se serve trop dans la caisse."